Les revenus des étudiants sont limités et les fins de mois difficiles pour un quart d’entre eux. Pour éviter les difficultés et commencer à gérer son argent efficacement dès ses études, il n’y a pas de secret : mieux vaut commencer par définir un budget et s’y tenir dans la durée.
Comment s’en sortir avec 919 euros de revenus chaque mois ? Si vous trouvez que c’est un peu court, les étudiants français aussi. Selon les chiffres de l’observatoire de la vie étudiante, la somme correspond en moyenne à leurs ressources mensuelles. Et comme il s’agit d’une moyenne, si certains s’en sortent bien, pour d’autres, les fins de mois sont difficiles : 26 % des étudiants déclarent d’ailleurs ne pas avoir assez d’argent pour couvrir leurs besoins mensuels. Dans ces conditions, une gestion saine et efficace de son budget s’impose.
Bien gérer un budget implique deux étapes fondamentales :
1. établir une analyse réaliste et aussi exhaustive que possible des sources de dépenses et de revenus ;
2. suivre sa situation financière au quotidien.
Que vous bloquiez à la première étape, faute de données claires ou de méthode, ou à la deuxième par manque de temps ou de pratique, cet article devrait vous aider.
On vous propose d’abord un panorama des principaux postes de dépenses de la vie étudiante, avec quelques astuces pour les limiter, puis quelques conseils pour une gestion quotidienne simple de votre argent.
Pour réaliser un budget, commencez par lister avec précision vos dépenses récurrentes. Armez-vous d’une feuille et d’un stylo (ou de votre app préférée de prise de notes), de vos relevés de compte, d’un peu de bon sens et de patience et c’est parti. En tant qu’étudiant, vous n’avez pas l’habitude de l’exercice ? Voici donc les grands postes de dépenses à ne pas oublier.
Le logement constitue le premier poste de dépenses des étudiants avec un coût moyen chaque mois, France entière, de 484 euros consacrés au loyer et aux frais associés au logement (factures d’eau, d’énergies…). Les coûts varient très fortement en fonction de la ville de résidence et du type de logement : colocation, location seul, résidence universitaire ou cohabitation — plus ou moins facile, on vous l’accorde — avec les parents.
Pour bien inscrire le coût mensuel de votre logement à votre budget, tenez compte :
- du montant du loyer
- des factures et des frais liés au logement : assurance habitation, facture d’eau, d’électricité, de connexion à Internet…
- des aides au logement éventuelles auxquelles vous pouvez prétendre, telles que l’Aide personnalisée au logement (APL).
Concrètement, vous listez toutes les dépenses récurrentes liées au logement qui sont incompressibles et stables dans le temps.
Dans un second temps, vous pouvez aussi prévoir une ligne de dépense pour bien vous installer et vous équiper si vous emménagez dans un nouveau logement : petit électroménager, meubles, etc., vous aurez forcément quelques frais supplémentaires en début d’année universitaire.
Quelques astuces pour réduire le coût du logement :
- misez sur la colocation, qui permet en général de réduire les frais de logement. Vous pouvez même tenter des formes moins traditionnelles de coloc », transgénérationnelles ou solidaires.
- adoptez de bons réflexes au quotidien pour réduire vos coûts d’électricité, de chauffage ou de consommation d’eau
- équipez-vous à moindres frais, en misant sur les achats de seconde main, les brocantes, ou les plateformes de dons entre particuliers.
C’est un autre poste de dépenses important dans le budget des étudiants : l’alimentation et les dépenses du quotidien (hygiène, entretien…). Même quand le ticket de restaurant universitaire (RU) s’élève à 3,30 euros le repas, les dépenses alimentaires s’envolent vite quand on n’y prête pas attention. Un bon réflexe consiste à les suivre régulièrement dans ses comptes, au moins une fois par semaine, pour bien les maîtriser.
Quelques conseils pour optimiser son budget alimentation :
- Cuisinez vous-même. Les repas maison vous reviendront moins cher que d’acheter tous les jours une formule sandwich, un burger ou le dernier poke bowl du coin de la rue.
- Prévoyez vos menus, pour n’acheter que ce dont vous avez besoin et moins gaspiller.
- Faites vos courses une fois par semaine, liste détaillée à l’appui, et ne retournez pas au magasin entre-temps. Vous éviterez de craquer pour les plaquettes de chocolat en promotion alors que vous partiez juste acheter du papier toilette.
En quête de bonnes idées ? Oney vous propose 31 astuces pour dépenser moins au quotidien.
Dans la liste de vos dépenses, n’oubliez pas les transports ! Les tarifs étudiants des transports en commun des grandes villes françaises sont généralement avantageux. Et si vous prévoyez de retourner régulièrement dans votre famille au cours de l’année, pensez aussi à prévoir le coût de vos billets de train, d’avion, d’essence ou de covoiturage dans votre budget mensuel, de façon à lisser cette dépense dans le temps.
Quelques conseils pour optimiser son budget transports :
- privilégiez les offres étudiantes, les abonnements et les cartes de réduction pour les transports en commun locaux. Au niveau national, la SNCF propose des abonnements et cartes de réduction dédiés aux apprentis et aux étudiants.
- notez que certaines collectivités locales (villes, départements ou régions) proposent des aides à la prise en charge des transports en commun. Renseignez-vous près de chez vous.
Logement, courses alimentaires, transports, à ces dépenses obligatoires s’ajoutent celles liées directement à vos études. Prévoyez un petit budget pour vos achats de livres, de matériel, et des indispensables liés à la discipline que vous étudiez. Pensez aux achats de seconde main, lorsque c’est possible, voire à en mutualiser certains avec vos camarades de promotion.
Forfait de téléphonie, visite chez le médecin, sortie entre amis : d’autres postes apparaîtront forcément dans votre budget à la lumière d’une analyse de vos dépenses. Essayez d’identifier si certains coûts peuvent être réduits, par exemple en misant sur des forfaits de téléphonie mobile moins chers. Et ne sous-estimez pas d’autres postes de dépenses comme la santé : vous avez besoin d’être en forme pour bien étudier.
Enfin, n’oubliez pas de prévoir que les mois de rentrée vous coûteront plus chers que les autres :
- frais de mutuelle
- frais d’inscription à l’université ou en école, qui varient selon les cursus
- assurance habitation
- abonnement transports
- matériel, livres, fournitures de rentrée…
Besoin d’évaluer approximativement votre budget rentrée avec un chiffre précis ? Sachez que pour l’année 2020, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) évaluait le coût spécifique de la rentrée universitaire pour un étudiant non boursier à 1152 euros en région et à 1203 euros, en Île-de-France (notez que cet indicateur tient compte de frais de 243 à 300 euros liés à la recherche d’un logement hors du domicile familial).
Pour créer votre budget étudiant, face à vos dépenses, listez vos sources de revenus réguliers. En France, les étudiants tirent 90 % de leurs ressources de trois sources principales : la famille, un emploi et les aides publiques.
Deux petits conseils pour bien lister vos rentrées d’argent :
- Si vous touchez un salaire qui a tendance à varier d’un mois à l’autre en fonction de vos heures de travail, mais que vous voulez évaluer vos rentrées d’argent sur toute une année universitaire, vous pouvez soit faire une moyenne de vos salaires sur l’année ou soit ne tenir compte que de votre salaire le plus bas pour éviter les mauvaises surprises.
- Inversement, s’il vous arrive de toucher une prime ou d’avoir une rentrée d’argent exceptionnelle, ne les inscrivez pas dans vos revenus. Voyez plutôt ces sommes comme un « bonus » à épargner pour vos projets.
On ne va pas vous proposer de gagner plus en travaillant moins, mais il est possible d’améliorer vos revenus étudiants :
- faites bien le tour de toutes les aides publiques auxquelles vous pouvez prétendre (bourse d’études, APL, etc.) et soyez bien attentifs aux dates auxquelles il faut rendre vos dossiers, ce serait trop bête de passer à côté d’un coup de pouce, non ? En plus des aides nationales et des bourses, renseignez-vous sur les aides régionales et les dispositifs qui peuvent exister dans votre université.
- si vous n’exercez pas déjà un emploi à côté de vos études, et si vous n’êtes pas en alternance, étudiez vos options en matière de job étudiant : quel temps pouvez-vous y consacrer ? Quel emploi ? Pouvez-vous par exemple donner des cours de soutien dans votre matière principale ? Effectuer des gardes d’enfant en soirée ?
- travaillez à temps plein pendant l’été et utilisez l’argent gagné pour améliorer votre quotidien pendant l’année universitaire…
Une fois vos dépenses et vos ressources listées, le plus difficile commence ! Et oui, bien gérer un budget, c’est d’abord et avant tout réussir à suivre son argent, tout le temps, pour mieux décider comment l’utiliser. C’est encore plus important pour un étudiant dont les ressources sont limitées.
Pratiquer régulièrement l’exercice de surveiller vos dépenses vous apporte deux avantages immédiats :
- vous saurez, avant chaque achat, si vous avez déjà dépensé trop ou si au contraire vous pouvez vous faire un petit plaisir ce mois-ci
- vous prenez conscience de vos principaux postes de dépenses, et vous pouvez donc les réduire plus facilement. Par exemple, si vous constatez que ce sont les repas à l’extérieur du domicile qui vous coûtent cher, la solution pour économiser sera de cuisiner davantage chez vous.
À plus long terme, vous pourrez aussi mieux planifier vos achats coûteux, voire épargner un petit peu. Rien ne vous empêche bien sûr d’ajuster votre budget en cours d’année si vos prévisions ne sont pas les bonnes, mais en suivant régulièrement le fil de vos dépenses, vous reprendrez le contrôle sur votre budget.
Application, tableau excel, carnet, quelle méthode pour suivre son budget ?
Pour suivre votre budget au quotidien, il n’existe pas une méthode universelle, à vous de choisir celle qui vous convient le mieux :
- un carnet, à l’ancienne, où lister les dépenses à la main.
- un tableur que vous créez vous-même ou à partir d’un template (vous pouvez en trouver facilement en ligne). L’avantage du tableur, c’est qu’il est personnalisable à l’infini.
- une application qui fait le travail pour vous, comme Linxo, Bankin’ ou Budgea. Connectées à votre banque, ces applications classent vos dépenses en catégorie, vous aident à suivre vos dépenses et à planifier votre budget. Elles existent en version gratuites ou payantes avec plus d’options. Vous pouvez aussi planifier des seuils d’alertes personnalisés, pour être averti dès que vos comptes commencent à frôler le rouge.
- l’application de votre banque. Aujourd’hui, la plupart des banques proposent une appli pour gérer vos comptes, voire votre budget quotidien.
Deuxième astuce utile pour mieux gérer votre budget étudiant, surtout si vous avez tendance à vous retrouver à découvert : essayez de ne jamais vous retrouver à zéro en fin de mois. En pratique, décidez d’un seuil d’alerte : par exemple, lorsqu’il ne reste que 100 euros sur votre compte, considérez que vous ne pouvez plus dépenser. Ces 100 euros, c’est votre « pare-choc » anti-découvert.
Définissez ce seuil selon vos moyens, et tentez de l’augmenter petit à petit, jusqu’à atteindre une somme que vous jugez assez confortable pour votre tranquillité d’esprit. Et pourquoi pas, jusqu’à avoir un mois d’avance sur vos comptes. Vous gagnerez en sérénité et en sécurité financière sur le long terme.
Et justement, l’épargne, c’est la troisième astuce pour mieux gérer son budget. On le sait, ce n’est pas évident d’épargner quand on a peu de ressources. Mais pensez-y : 10 euros par mois, c’est 30 centimes par jour et c’est 120 euros à la fin de l’année. Alors certes, ce n’est pas grand-chose, mais c’est un début.
Pour épargner, le travail d’analyse de vos dépenses est un premier allié pour comprendre où part votre argent. Ensuite, la bonne astuce est de s’astreindre à mettre de côté comme on s’astreint à payer le loyer. Faites de votre épargne une ligne obligatoire de votre budget, même pour 10 ou 20 euros par mois. Vous pouvez programmer par exemple un virement automatique vers votre livret A.
Cette épargne, dans l’idéal, vous n’y touchez qu’en cas de coup dur : une voiture qui tombe en panne, une perte temporaire de vos ressources ou des aides qui tardent à arriver… Prenez cette habitude dès vos études, et vous verrez : vous n’aurez plus de découvert.
En résumé, bien gérer son budget étudiant, c’est un travail dans la durée de suivi de ses dépenses quotidiennes, de l’anticipation et un peu de débrouillardise. Surtout, notez que si vous vous trouvez dans une situation financièrement difficile pendant vos études pour une raison ou une autre, mieux vaut prendre le temps d’en parler dans votre université : des solutions de solidarité telles que les épiceries solidaires, le prêt d’ordinateurs, des dons, etc., existent pour vous tirer d’une période délicate et vous aider à vous remettre à flot.
Julie,
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